22 mars 2012

l'Homme Plante

Au Paléolithique, l'Homme assumait son animalité : nomade et opportuniste, il se déplaçait de lieux en lieux pour chasser et cueillir. Sa cosmogonie était peuplée d'animaux magiques. L'art pariétal en témoigne, lui qui ne montre quasiment aucun végétal.

Arrive le Néolithique. L'Homme s'enracine. Transformiste, l'Homme Plante fait son coming out. Pour certain, son Dieu est fait de pain et de vin. Il se végétalise. Plus question de courir après les calories, il les cultive et les élève comme une plante se baigne dans les rayons du soleil. Trop d'ombre ? Mauvaises récoltes ? Il crée la civilisation qui régule et fait collaborer. Qui fait la guerre aussi. Il crée les cultures si riches qu'il peut s'adapter à tout, en un temps record ; s'il fallait attendre l'évolution biologique, on y serait encore. Il crée des foules de techniques qui le transforment en un gigantesque couteau suisse.

Encrée au sol la plante a développé un grand art de la biochimie pour séduire son environnement, pour s'y adapter, pour ruser dans ses déplacements. La plante aussi est sociale et coloniaire. Elle se déplace peu, mais se transforme vite au fil de son existence comme au fil des générations.
L'immobilisme vu comme contrainte oulipienne, la Plante y répond par la biochimie, l'Homme par la créativité.

Rédigé par Xavier Ottemer
Illustré par Brigitte de Chiffreville